Il travaille au film sur un vieux Canon télémetrique. Il aime les diapos et accuse ceux qui n’aiment pas les diapos d’avoir mauvais goût et le plus gros de son travail est en noir et blanc.
Dans la rue, il sort son flash et surprend le passant. Lorsque la tension s’installe entre le sujet involontaire et le voleur d’images, il lâche un mot gentil, un petit sourire et la bonne humeur s’installe.
Son motto est de documenter par l’image et par la série d’images et c’est un des meilleurs photographes de rue que j’ai découvert ces derniers temps.
On peut découvrir le reste de son travail sur son site.
C’est la saison sèche en Thaïlande, il n’a pas plu depuis plusieurs mois et le sol craque. Pour arroser les plantes dans le Lumpini Park, les jardiniers sortent les grands moyens.
Je vous invite aujourd’hui à découvrir un photographe dont j’apprécie particulièrement une partie du travail.
Charles Harris n’est pas un grand photographe international, membre de Magnum, édité en tête des plus grands magazines. C’est un photographe industriel et amateur dont certaines photographies pourtant le rapprochent des plus grands.
Son travail en Kodakchrome est particulièrement intéressant, l’association des couleurs de ce film légendaires et les compositions audacieuses de Charles Harris font un combo gagnant.
Le reste de cette série pourra être admirée sur sa galerie LFI (lien ci-dessous)
Ce travail a le mérite de nous rappeler qu’au temps du film, le photographe n’achetait pas un film pour sa fidélité des couleurs (en dehors de l’Ekta qu’on utilisait justement à cause de cela), mais parce que chaque film avait ce tempérament, cette saturation unique, ce contraste différent qui en faisait notre préférence.
Rien n’est plus ennuyant aujourd’hui que ces Nikon et ces Canon dont la fidélité sans faille des couleurs se transcrit par une platitude ennuyeuse des images qu’ils donnent, condamnant les photographes à user de filtres en tous genres dans C1 pour retrouver un semblant de différent. Fujifilm utilise des profiles de films, certes cela a le mérite d’exister. Mais seul Leica impose un style de couleur propre à la marque, je dirais même propre à chaque boitier, forçant le photographe à s’adapter à une contrainte et à en faire meilleur usage.
Le principe consiste à pré-régler l’objectif sur une distance fixe, ici un mètre cinquante centimètres, puis de déclencher au moment juste ou le sujet passe à cette distance de l’appareil. Bien entendu, on compte sur un peu de profondeur de champ, ici j’utilise un 28 mm fermé à 4.
L’appareil est porté a main levée, on prend la photo au jugé, sans même viser. Au bout d’un moment, l’habitude vient, on cadre et on estime la distance sans trop y penser, l’habitude des doigts font qu’ils savent par avance comment placer la caméra et à quel moment déclencher.
C’est une technique très commune et très simple qui s’appuie sur le développement d’une habitude (erreur et correction) pour améliorer une compétence. C’est presque une photographie physique, ou le corps calcule et agit seul. Malheureusement, elle est peu utilisée avec les appareils modernes, surtout parce que ceux-ci font la mise au point tous seuls et empêchent l’acquisition d’une connaissance par corrections d’erreurs.
Par contre, cette technique se prête très bien au Leica M, appareil discret qui tient parfaitement dans la main et dont la mise au point irrémédiablement manuelle permet de s’amuser à tout.
Je mets ici mes premiers essais, pas trop mal réussis. Je mettrai les suivants, qui ne pourront être que meilleurs, sur une galerie dédiée de LFI (lien ci-dessous).
Jouant avec les ombres et les couleurs vives des maisons de Burano, en Italie. Mirko se montre un digne héritier de la photographie Italienne.
Reflets de couleurs, compositions graphiques et snapshots de la rue, Mirko se montre un photographe brillant. Je ne commente pas plus que cela, les images parlent d’elles mêmes.
Nous sommes dimanche, milieu d’après midi et il fait un soleil de plomb. Parti de l’autre bout de la ville, je marche déjà depuis huit kilomètres dans un espèce de no man’s land fait d’axe routiers aussi larges qu’une autoroute et de zones de bureaux.
Mon GPS m’invite dans une petite rue, puis dans un chemin presque désert. Quelques chiens errants et sur ma droite, un cimetière de wagons. Je prends quelques photos, lorsqu’un individu masqué, des pieds à la tête sort d’entre deux wagons et me crie en Thaïlandais de rentrer plus avant entre les wagons.
Bien que je ne comprenne pas un mot de Thaïlandais, il me semble toujours les comprendre tant ils ont ce talent de communication.
Je me glisse donc entre deux wagons qui me laissent à peine passer et découvre ceci.
Découvrez Alan Schaller qui nous présente l’imprimerie spécialisée en Italie pour éditer les livres de photographie.
Alan Schaller est un excellent photographe avec un style graphique qui touche parfois à l’abstrait tout à fait excellent. Il est ambassadeur Leica. Dans toutes ses vidéos, il se montre avec un M11 et un objectif Leica, il rencontre d’autres photographes qui tous, sans exception, sont équipés de Leica et ils chantent ensemble “Leica Sun” pour faire venir le soleil.
Parfois ils cite Henri Cartier Bresson comme une référence, oubliant au passage que Cartier Bresson n’avait que faire de la profondeur des noirs sur ses livres parce que ses photographies contenaient trop d’informations et il y avait trop peu de place pour mettre du noir.
Lorsque Henri Cartier Bresson nous livre cette photographie, il ne nous livre pas qu’un travail graphique. Il nous livre également un morceau d’histoire, un Paris touché par des inondations, les moyens de bords pour se déplacer. Cette photo est un témoignage du passé. La densité du noir, la teneur des gris des bâtiments du fond … tout cela n’est pas d’une importance majeure. Tout le travail de Henri Cartier Bresson est pareil, chaque photographie est un condensé d’informations et l’on passerait des heures à les regarder pour redécouvrir la mode de l’époque, les jouets de gosses, les formes des voitures et tout ce qui a fait ces années.
Ci-dessous, ceci est une photographie de Alan Schaller.
Cette photographie est graphiquement excellente, mais quel témoignage de l’histoire de nos rues laissera-t-elle aux générations futures ? Un personnage, un rayon lumineux, un mur en brique ?
Un balcon, des gens en contre-jour dont on ne voit rien ? Je l’avoue, le noir est joli et profond. Mais il ne transporte aucune information, il est juste noir. On comprend l’intérêt de l’imprimeur pour travailler sur la profondeur des noirs, à part quelques très jolies zones de blanc le plus gros des photos d’Alan Schaller est noir.
Alan se dit photographe de rue. Mais ce n’est pas ça la photographie de rue. La photographie de rue, c’est avant tout l’enregistrement d’une époque, la documentation de la façon de vivre dans les rues. Elle répond aux questions que se poseront les générations futures sur la façon dont on vivait. C’est un témoignage, un enregistrement de petits évènements tous insignifiants, mais qui, mis ensembles, nous montrent une époque, un art de vivre, un voyage dans le temps et dans l’espace.
Alan Schaller est un photographe graphique et abstrait. La rue lui fournit les outils pour qu’il fasse ses images, mais la plupart de ses images n’ont pas grand chose à voir avec de la photographie de rue.